Bonjour Raphaël,
J’espère que tu vas bien !
Désolé de ne te donner de mes nouvelles que maintenant.
Ces mois de confinement ont été, pour moi, plein de joie et de bons moments passés en famille. Attend, je te raconte …

Tout comme le confinement décrété par le Conseil National de Sécurité, c’est progressivement que les choses ont commencé à changer à la maison. De l’arrêt des activités à la stricte fermeture du centre, tout se mettant en place pour que nous passions, mes frères et moi, plus de temps ensemble – Ah je ne te l’avais pas dit ? mon confinement je l’ai passé au Centre Culturel Comoé. Je te dirai pourquoi.

Même si certains continuaient à sortir de bonne heure, après la prière du matin en famille, la plupart restait à la maison pour étudier ou pour travailler (Le télétravail, Dieu seul sait combien ce mot a eu la cote ces derniers temps).

Oh, qu’ils me manquent ces samedis « superbement bousculés », où le centre était plein de plusieurs de nos amis, venus participer à diverses activités de formation culturelle, chrétienne ou humaine, avec un programme réglé au diapason. Qu’ils me manquent ces « 17h7 » qui voyaient se succéder des pointes de la culture ivoirienne et Africaine. Les derniers noms dont je me rappelle sont :
M. Jean Servais SOMIAN, désigner concepteur, artisan Ivoirien ;

  1. Issa Diabaté de l’agence d’architecture Koffi et Diabaté ;

Le jeune graphiste Ivoirien OPLEROU, concepteur du projet Zouzoukwa.

Qu’ils me manquent ces fou rires et francs sourires qui traduisaient la joie qui régnait à la résidence, joie qui règne toujours car si l’une des conséquences du coronavirus a été de cacher nos sourires derrière un masque, cette pandémie avec ses 3 milliards de confinés dans le monde a surtout permis aux familles de passer plus de temps ensemble, de solidifier leur lien, dans un monde pré-COVID qui allait à 200 à l’heure.

Et moi, ma famille, j’en ai profité au maximum, surtout durant cette période où nous étions tous confinés à la maison.

Je le disais plus haut, après la prière du matin, nous dévalions les escaliers, direction salle à manger. Après un copieux petit déjeuner, place au grand ménage. C’était une petite nouveauté dans le programme, sûrement un module additif acquis lors de la mise à jour COVID (rire). En tout cas, nous nous débrouillions comme des chefs.

Après le travail physique, nous faisions remuer les méninges. Jusqu’à 13h, l’heure du déjeuner, nous nous attelions à nos études où à la télé pour le travail (tu l’auras compris).

Après déjeuner, direction l’oratoire qui préside le premier étage, pour la visite au Très Saint Sacrement.

Nous descendions ensuite à la salle de séjour pour une réunion qui prenait souvent la forme d’un call à un poisson du fleuve, d’une partie de jeu de société quand nous ne parlions pas des actualités politique et culturelle de notre pays et du monde – lesquelles actualités qui étaient surtout sanitaires en cette période. Comme à notre habitude, après la réunion, nous récitions le chapelet en famille et depuis le 1er mai, unis aux intentions du pape, nous terminions le chapelet par une prière qu’il a recommandée dans cette période pandémique.

Après le chapelet, chacun était affairé à ses études ou sa télé J. Une journée type à la résidence se terminait par l’examen de conscience, précédé par le dîner et la réunion de famille. Ces réunions s’étaient, spécialement en cette période, transformées en savants exposés, où chacun parlait selon un programme journalier, d’un thème édifiant. J’ai énormément appris pendant ces réunions. Par exemple, savez-vous d’où vient l’expression « talon d’Achille » ? Avez-vous entendu parler d’intelligence émotionnelle, du prix Fields ou de Global Forest Watch ?

Nous avions ces exposés chaque jour de la semaine sauf les week-ends.

J’ai particulièrement adoré nos week-ends. Détaché un tant soit peu de nos occupations professionnelles et académiques, nous passions plus de temps ensemble, non seulement à l’oratoire, à la salle à manger, entre deux seaux de ménage, mais en plus les week-ends, à regarder des films (certains sortis au cinéma il y a très peu) et à passer une dizaine de minutes à les commenter (si ce n’est toute la semaine). Les souvenirs de cette pauvre Abigail me viennent à l’esprit, combien de fois n’a-t-elle pas été l’objet notre doux courroux. Quand ce n’était pas les flops du cinéma russe, c’était des voyages éclairés dans des trous noirs de Stephen Hawking.

Entre films, documentaires et images retraçant la vie de Saint Josémaria, nos week-ends étaient un confinement de joie et bonheur.

Tu comprendras donc que c’est avec un léger pincement au cœur que j’ai accueilli la nouvelle du déconfinement progressif, même si je meurs d’envie que tout reprenne et redevienne comme avant.

Moi, ex-confiné