« …UN JOUR JE SERAI MAÎTRE ». Auteur inconnu… Lecteurs, vous comprendrez…

Depuis mars, comme le dit le jargon chacun s’est cherché. J’étais dans ma résidence à Yopougon (enfin, mon studio…rire) quand j’eu reçu le coup de fil de maman me disant de rentrer à Soubré le temps que la situation s’améliore. Nous étions encore au jour-j où M. Ouattara a annoncé l’état d’urgence… Plus de sorties d’Abidjan à compter du mardi, a-t-il ajouté. Je me suis rendu à la gare SBTA de Siporex le lendemain mercredi, on a tous pris un ticket dans la dite gare… Il était encore 6h45 ; moi j’avais un ticket pour Gagnoa, où je devais faire une escale de 2 semaines. À 9h30 on entendit ce communiqué ; fabuleux ou fâcheux ? À chacun d’apprécier : Chers passagers à destination de Gagnoa, Lakota, Divo, Soubré, San Pédro… Venez faire un rang pour qu’on vous rembourse votre argent ; IL N’Y AURA PAS DE DÉPART !, nous fit savoir le chef de gare. Entre colère, bavardage, et chaleur, je me suis posé 2 questions ; la première : Donc c’était vrai qu’aucun car ne sortirait ce mercredi comme l’a indiqué le Président ? En second : Vais-je retourner à la maison ?

J’ai lu quelque part qu’il fallait  faire partie de la solution et non du problème. Alors je me suis rapproché de quelques dames qui comme moi se rendaient à Gagnoa. Cherchant des occasions de véhicule personnel, on nous fait savoir qu’en raison des mesures de distanciation il fallait tout au plus  2 personnes par véhicule, à savoir le chauffeur et un passager…  Une heure après, nous nous sommes retrouvés dans une gare de minicars communément appelé gbaka. N’ayant pas le choix et voulant à tout les coups sortir d’Abidjan, je me suis procuré un ticket, des gants et un cache nez, direction Gagnoa. Comme à l’accoutumée, panne juste après le péage… (Il s’est passé trop de choses mais Dieu merci je suis bien arrivé à Gagnoa).

J’y ai passé 3 semaines finalement. Étant à Gagnoa j’ai fait la découverte d’une plateforme des journalistes amateurs pour la rédaction de certains articles. Alors je me suis inscrit et j’ai ajouté la rédaction d’articles à mes activités quotidiennes. Chaque jour était pratiquement ou sensiblement pareil, la routine : Prière-Etude-Manger-Dormir.

En outre, pendant que les étudiants et élèves observaient l’arrêt des cours, nous, étudiant des deux universités virtuelles (l’une au Sénégal et l’autre en Côte D’ivoire), nous continuions avec sérénité notre année universitaire étant à chez nous. Coup de chance ! Place au numérique.

Après 3 semaines nous avions eu notre congé de fin de premier semestre. Je me  suis rendu à Soubré ; 2 jours après à Bonifacekro S/P de Méagui. Je suis tombé pile pendant la période des travaux champêtres. Le premier boulot de Akwaba qu’on me confia, c’était que je cueille le cacao. Ici au campement, il y a du bon bandji blanc chaque matin. Après quelque doses place à la machette ou à la daba, peu importe… Tout ce qui est un peu ennuyeux c’est qu’il n’y a pas une bonne connexion au réseau et pour avoir du réseau il fallait se déplacer à chaque fois, mais on s’y fait… Aussi, les travaux champêtres sont très épuisants et c’est souvent très compliqué de les associer avec l’étude… Du coup, j’ai séché beaucoup de jour sans étudier… Je fais l’effort maintenant.

J’ai décidé d’enseigner des élèves du CM2 gratuitement (juste pour me rendre utile). Mais, à ma grande surprise, le premier jour de cours il n’y avait personne. Wahou ! On m’a tout simplement répondu que les enfants sont occupés au champ du coup les soirs ils sont à bout de force. Alors j’ai laissé tomber et demandé à chaque élève de venir me voir s’il avait un souci… Pour l’instant, R.A.S ! Ils comprennent très bien leurs cours : les élèves de Kandia sont formidables…

Beaucoup de choses se sont passées et se passent pendant mon confinement, je ne pourrai tout raconter aujourd’hui.

Pour un bref résumé : j’ai lu deux livres, j’ai fait des efforts de charité pour les enfants et aider quelques mamans du village, j’ai fait l’effort de faire de la prière mon arme de tous les jours.

Mais, une chose a attiré beaucoup plus mon attention depuis mon arrivée au campement. Ici je suis le bon petit des instituteurs. Du coup je suis généralement avec eux… un jour je passais et un enfant non scolarisé de 5 ou 6 ans m’approchai et me dit ceci : « TONTON, UN JOUR MOI AUSSI JE SERAI MAÎTRE (INSTITUTEUR) ». Était-ce juste pour bluffer ? J’en doute fort, cependant, et sans le savoir, et de façon personnelle, sa phrase a transformé mes 90 secondes suivantes… J’ignore encore pourquoi. Ne pouvant rien faire, j’ai juste mis son rêve en prière : que la SAINTE VIERGE vienne en aide au petit afin que son rêve, quel qu’en soit la taille, soit exaucé !

Grand merci à tous les poissons du fleuve.

Vivement que le confinement laisse place au déconfinement. Ici à l’intérieur, tout est grâce ! Nous reprenons le second semestre ce mercredi 13 mai !

Stéphane Kouakou,
Licence 2, Communication Digitale, Université Virtuelle de Côte d’ivoire