Depuis l’année 2014, le Centre Culturel Comoé a fait son entrée dans la littérature grâce à « La fillette aux camélias », un roman à la saveur autobiographique écrit par Alexis N’Guettia, médecin et écrivain ou vice versa. Voici l’extrait historique, dans lequel vous pourrez apprécier le bel hommage à l’ami Lionel N’Dah, décédé prématurément à l’âge de 24 ans. On attend maintenant l’entrée de Comoé dans le 7 ème art babiwoodien.

« Au lendemain de mon succès, je commençai à fréquenter un centre culturel situé dans la rue qui mène à l’actuel lycée international Mermoz. Comme moi, il y avait d’autres étudiants qui s’y retrouvaient presque tous les jours. Pour nous, c’était la Thébaïde en plein milieu de la capitale. Là en effet, nous bénéficions d’une formation humaine qui, depuis des décennies, continue de former des têtes correctement pleines et calquées sur le dessein de Saint Josémaria. Un vendredi soir que nous étions réunis comme à notre habitude dans l’une des salles du centre, j’avais pris la parole sur un sujet antique qui m’exalte autant : l’Egypte antique Pharaonique. Tout en parlant, les tisons passionnels de mes mots retombaient imparablement sur le voile de la sensibilité de mon auditoire captivé. Sans le savoir, j’avais réussi à lui communiquer une flamme pareille à la mienne si bien qu’au sortir de la réunion, je fus aussitôt accosté par un jeune homme d’une allure plaisante : il se prénommait Lionel. Nous nous mimes à échanger spontanément comme si nous étions des amis de longue date. Dix minutes plus tard je lui proposai d’être mon parrain de baptême. Il accepta ma demande sans sourciller.

Cette époque de mon passé allait me voir renaitre à une vie colorée, moi le rescapé d’un destin éprouvant. Lionel était un jeune ingénieur fraichement sorti de l’institut national polytechnique. À 24 ans à peine, il était salarié d’une société d’audit de la place. Notre amitié était vive au point où nous vécûmes ensemble quelque temps plus tard dans un appartement que nous partagions avec d’autres amis du centre culturel. Sa générosité, ô combien adorable, ô combien inconditionnelle, n’avait point de limite à mon égard. Soit dit en passant, c’était Lionel qui payait ma part du loyer mensuel de l’appartement. Puis, arriva le jour où mon ami et parrain rentra du travail quelque peu fatigué. Ce soir-là, il voulut se reposer, étendre son corps de labeur dans la douceur du lit. Cependant, avions nous jamais su que Leo, mon cher alter ego, allait s’endormir comme un enfant, comme un ange, les mains silencieusement jointes sur sa poitrine et s’en aller pour toujours au pays des rêves éternels ?

Les cicatrices ne sont pas seulement celles qui restent sur le corps ; il y a aussi celles qui marquent le souvenir. Mais la terre ne s’arrête pas pour autant de tourner…

Douze années plus tard, je sortis jeune médecin spécialiste de l’université de Stuttgart dans le land de Bade-Wurtemberg. »
Alexis N’Guettia, « La fillette aux camélias », Vallesse Editions, 2014, pp. 101-105.

Mohamed Alire, slameur d’état,avec la contribution de Kouamé Béyalo Kevin,

étudiant en Licence 3 de Sciences économiques (Université Félix Houphouët-Boigny de Cocody).