28 Sept. 2019, ces évènements se déroulent entre 2h30 et 6h00

Il est environ 2h30 à l’INP-Centre, lorsqu’un étudiant de ma classe tape toutes les portes du palier. Cette action me parait très familière. Pour ceux qui me suivent : « l’heure est grave ». Mais cette fois ce n’est ni pour écouter un discours ni pour lutter contre la police.

Passons à l’évènement. L’incendie serait dû à un court-circuit (pas confirmé) au sein de la Librairie de France qui a subi de grands dégâts. Aux Activités Libres, cette librairie était sur le même bloc qu’une cordonnerie, une boutique et des bureaux du service hébergement.

À mon arrivée sur les lieux, sur le toit, le creux causé par les flammes était d’environ 2 m de rayon. Je pensais qu’une équipe spéciale était déjà sur place. Mais les personnes en mouvement n’avaient rien de particulier, je décidai donc de m’en rapprocher. Ils répétaient tous, l’un après l’autre : « voici le bienfait de traverser en jouant Loup-Garou », dans le langage polytech, « traverser » veut dire simplement rester éveillé jusqu’après minuit et « Loup-Garou » est un jeu qui peu te prendre tout le temps que tu lui consacres et même plus. En effet, ce sont ces étudiants qui ont alerté toute la cité de l’incendie.

Je rejoignis un groupe d’étudiants pour forcer les portes des bureaux afin d’en évacuer le contenu…mais avec beaucoup d’hésitation pour plusieurs raisons : les anciens universitaires sont souvent mal vus à l’INP-HB et donc nous nous en méfions. Le pillage est l’évènement probable lors de l’évacuation d’une boutique, de bureaux qui sont remplis d’ordinateurs, de tous ce que vous pouvez imaginer dans un bureau. Finalement le nombre important d’étudiants me rassure, et avant l’arrivée d’un membre de l’administration nous avons pu vider tous les bureaux.

Les pompiers (pour être précis, ils étaient 3) sont arrivés à 3h passées de quelques minutes, je fus parti des étudiants qui les ont aidés à positionner leur lance. Malheureusement la lance avait une portée de moins de 10 mètres sans exagération, ils n’avaient pas d’échelle, nous avons donc aidé un des 3 pompiers à monter sur le toit. Le pompier prenait trop de risque car il devait se rapprocher des flammes. Le diamètre du creux ne cessait de s’agrandir, un parmi nous donna l’ordre de mettre les mains à la pate, nous avons rassemblé des seaux d’eau. Mais tout de suite, l’agent de l’administration essaya de nous empêcher en disant que ce n’est le rôle des étudiants. Mais à y voir de près, il officialisait juste son intervention (en tant que tout responsable administratif) sinon l’action des étudiants était l’attente de tous. C’est ainsi que nous avons formé deux lignes, en bas et sur le toit, des toilettes aux flammes. Deux seaux d’eau passaient toutes les 10 secondes au même endroit. Le pompier sur le toit nous rejoignit quelques minutes plus tard, puis les deux autres car leur citerne était vide et les deux n’ont pas pu replier avec le camion-citerne. En effet, le camion s’est enlisé à cause du liquide qui versait lors de la propulsion.

À Yakro, seuls les pompiers de l’aéroport sont mieux équipés, mais ceux-ci étaient injoignables. Nous avons donc continué notre lutte cette fois avec l’assistance des pompiers, nous avons mouillé le toit des bureaux non affectés par les flammes afin de le rendre résistant à la chaleur.

Je suis reparti en chambre à 5h 45 pour me préparer pour la messe à 6h30 dans le village de Djahakro situé en face de l’INP-centre. Lors de passage sur les lieux, je vis un autre camion-citerne de pompiers et des gendarmes : ce sont eux qui ont éteint les dernières braises sur les lieux. Le contenu de la boutique est resté à l’air libre pendant une semaine sans qu’il y ait vol. D’ailleurs à l’INP les affiches récurrentes sont celles qui disent ceci : « Somme d’argent retrouvée… ». Pour un ancien universitaire, ceci est vraiment nouveau, et très encourageant pour ma part.

Norbert K.