Discours du Sous Directeur du Centre Culturel COMOE du 26/10/2019 à l’occasion de la conférence organisée par le Centre d’Etude du Droit (CED) sur le thème : LE DROIT, UNE PASSION
Monsieur Anselme KOUAME, représentant de M. Nanourou BAMBA, Directeur du Centre National de Documentation Juridique (CNDJ) ;
Monsieur SORO, représentant de Mme Namizata SANGARE, Présidente du Conseil National des Droits de l’Homme (CNDH);
Monsieur Le Président Charles Winner KOUADIO, conseiller du Premier Président de la Cour d’Appel d’Abidjan,
Mesdames et Messieurs les représentants des des différentes associations estudiantines ici représentées ;
Honorables invités, chers étudiants,
C’est un honneur pour moi que de prendre la parole, au nom du Comité de direction du Centre Culturel Comoé pour vous souhaiter la bienvenue. Je vous remercie aussi, chers invités, de l’intérêt que vous portez à la formation de la jeunesse comme le montre la générosité avec laquelle vous avez distrait du temps en un précieux samedi matin, pour participer à cette rentrée solennelle du Centre d’Étude de Droit, initiative née dans les locaux de ce Centre il y a bientôt 25 ans.
Permettez-moi de profiter de cette belle tribune pour vous présenter brièvement le Centre Culturel Comoé. Comoé, du nom du plus long fleuve de notre pays, est un établissement créé par une association ivoirienne à but non lucratif, l‘Association pour le Développement Social et Culturel, (en abrégé ADESC). Les sociétaires de l’ADESC se sont rendu compte du besoin pour les jeunes d’acquérir les vertus humaines et sociales dans une ambiance à la fois studieuse, joyeuse et saine. L’ADESC, à travers le Centre Culturel Comoé, met à la disposition de jeunes étudiants un cadre agréable d’étude, des livres et documents pédagogiques, des salles d’étude et d’informatique.
Le siège qui vous accueille a ouvert ses portes en décembre 1990. Depuis près de 30 ans, des centaines d’étudiants ont acquis des aptitudes sociales et citoyennes par leur implication dans des actions solidaires et bénévoles en tout genre : assistance médicale en milieu rural, appui scolaire à des enfants de quartiers précaires, accompagnement de malades dans des hôpitaux, , etc. Ils ont parcouru des milliers de kilomètres grâce à l’activité citoyenne dénommée Etudiants Solidaires qui les a conduit à réhabiliter des infrastructures d’utilité publique et de donner des cours de vacances aux quatre points cardinaux de notre pays, d’Afiénou à Karakoro, en passant par Manaboué, Man, Kossou, Saïoua et Yakassé Féyassé en juillet dernier.
Depuis près de 30 ans, des milliers d’étudiants des universités publiques et privées et des grandes écoles de la place ont bénéficié de la formation intégrale à laquelle œuvre ce Centre. Depuis près de 30 ans, des étudiants ont passé des millions d’heures d’études dans les salles d’études et dans l’atelier informatique ; ils ont feuilleté des millions de pages des ouvrages des bibliothèques du Centre ; ils ont assisté à des millions de cours de renforcement, conférences, séminaires de formation, journées de l’excellence, visites d’entreprises, sorties culturelles, excursions, compétitions sportives, projections de films, cafés littéraires et j’en passe. Je ne saurais omettre dans cette énumération, les presque 30 ans d’activités de formation spirituelle dispensée, pour ceux qui le souhaitent, par l’aumônerie du Centre, confiée à des prêtres de l’Opus Dei, une prélature personnelle de l’Eglise Catholique.
Tout à l’heure, vous entendrez une conférence portant sur le droit. Je voudrais très humblement vous demander, M. le Président Winner Kouadio, la permission de vous emprunter, non votre thème en entier (car je ne suis pas juriste), mais juste la métaphore qu’il contient. Je pense en effet que la vie universitaire est elle aussi une passion.
D’abord, dans le sens le plus étymologique de la passio latine. Ce substantif désigne l’action de supporter et aussi la maladie, la souffrance. C’est ce sens que l’on retrouve dans la Passion du Christ, ou dans celle des saintes africaines Perpétue et Félicité par exemple. Oui, la vie universitaire et, tout particulièrement dans les universités publiques de notre pays, est une passion, lente, silencieuse et douloureuse. La presse ne nous a-t-elle pas rapporté, il y a quelques jours à peine, la tentative de suicide d’un étudiant qui s’est jeté d’un bâtiment du campus de Cocody en raison de la longueur excessive des années universitaires ? En ce mois d’octobre 2019, de nombreuses UFR viennent à peine d’entamer l’année 2018-2019, dans la plus paradoxale des traditions. Que dire en constatant les difficultés de logement et de transport des étudiants, le manque d’infrastructures pédagogiques sinon que la vie des étudiants est une passion ? A Comoé, nous nous efforçons d’alléger cette souffrance par notre accompagnement personnalisé, nos activités culturelles et académiques qui se proposent de compléter quelque peu le cursus universitaire ou d’en combler les lacunes inévitables.
Ensuite la vie universitaire est une passion dans le sens moral d’une réalité qui vous accapare l’esprit et qui tout à la fois s’impose à vous et suppose une véritable source d’énergie. Dans ce sens, Virgile (avt J-C) affirmait malicieusement dans Les Bucoliques : «Omni vincit amor – Et nos cedamus amori» : l’amour vainc toutes choses – et cédons, nous aussi, à l’amour. La passion, une réalité à laquelle on se plie, on se donne, avec fougue, avec ardeur. Oui, pour nous, la formation des étudiants est une passion. Elle nous permet de surmonter la passivité plaintive de celui qui attend que quelqu’un, quelque part, fasse ou dise quelque chose. A Comoé, nous apportons notre modeste grain de sel à l’amélioration des conditions de travail et de formation des étudiants. Nous leur offrons l’espace limité de nos installations, le temps limité de notre bénévolat, les moyens limités de nos maigres ressources mais la passion infinie de notre engagement qui ne décroitra pas malgré les difficultés. Au contraire, les obstacles sont de véritables sources de dépassement. Comme l’affirmait La Rochefoucauld (1613-1680), « l’absence diminue les médiocres passions et attise les grandes, comme le vent éteint les bougies et allume le feu. » Chez nous, le climat peu favorable au goût de l’effort et à l’excellence sont comme ce vent qui attise notre passion !
Mme et Messieurs les représentants des différentes institutions et associations, Honarables invités, chers amis étudiants, je vous remercie une fois de plus pour votre présence et vous souhaite akwaba à Comoé. Et à vous, chers étudiants du Centre d’Étude de Droit, je vous souhaite une passionnante nouvelle année 2019-2020.
Je vous remercie.
Par Isidore Adiamonon, ingenieur, Sous-directeur du Centre Comoé.
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