Allo, ici cité Mermoz

À toi, mon ami. En rédigeant cette lettre, j’ai préféré te la rendre en une dédicace. Cela fait un moment que nous avions fait connaissance et dès les premiers moments de notre rencontre à Comoé, j’ai su qu’on serait des amis. L’amitié a cette particularité de l’entretenir. D’abord, je vais bien, je tiens à te remercier pour tes intentions et tes prières pour ma santé. Je le savais ! Et même-ci certains disent « ... on s’en fout de corona... », nous devrions respecter les mesures barrières. Pour la petite histoire, dans l’euphorie due à la nouveauté de cette pandémie et ses mesures drastiques de préventions nous avions été éloignés. Ce trimestre de confinement a été premièrement soulageant (nous étions en pleine semaine de composition). Très vite la routine et la précarité avaient pris le dessus sur ce semblant de vacance. Au fait, comme je te l’avais dit, je suis resté en résidence universitaire puisque je l’avais trouvé très animée. Le manque d’alternative avait plongé les étudiants à se tourner vers les sports ou aux jeux collectifs et la fermeture du restaurant de la cité a conduit à la spéculation sur la nourriture qui elle-même n’était plus de qualité. Même-ci dans la [...]

LES CONFINES DU FLEUVE (1) : EN MODE SAMU

Confinement, réclusion forcée. Il s’agit de terme et d’expression que l’on entend depuis quelques mois, partout où nous nous trouvons. De Wuhan (Chine) jusqu’à Abidjan (Côte d’Ivoire) en passant par la Lombardie (Italie). Le confinement ou réclusion forcée, mis en place pour stopper la propagation du Covid-19 a bouleversé nos manières de vivre au quotidien. Généralement, nous avons tous des périodes de réclusion qui sont liées à notre propre volonté de passer du temps avec nous-mêmes. Mais nous ne sentons aucune contrainte car notre liberté de sortir et de voir le monde n’est pas entravée. Mon confinement a un accent particulier, puisque j’ai adhéré dès le départ à la théorie du SAMU. Elle indiquait que nous ne sommes pas en prison et de ce fait nous devrions garder nos habitudes quotidiennes. Charles Albert AHIWA Etant donc dans cette logique, j’ai débuté ma période de réclusion forcée, par l’organisation d’un emploi du temps. Il m’a permis d’avoir du temps pour Dieu, pour les autres et enfin pour moi. N’ayant pas changé d’habitude de réveil, dès sept heures du matin, je me lève et je commence par confié la journée nouvelle au Seigneur. En cours de journée, je consacre [...]

GBANGBAN SILENCIEUX

Les mauvais dictionnaires français mentionnent le mot « enjaillement » mais omettent le mot « gbangban ». Ce qui n’est pas seulement une erreur lexicologique. Elle est aussi métaphysique : n’est-ce pas le gbangban (surtout lorsqu’il est terminé) qui donne tout son sens à l’enjaillement ? L’omettre donc, ce serait comme parler de jour sans nuit, de pile sans face, de Jobs sans Gates, de Naruto sans Madara... Heureusement, à Comoé, nous avons de bons dictionnaires. Et dans l’un d’eux, entre les mots « gazouillis » et « geai », apparait le non moins bruyant « gbangban ». Voici un extrait de la page savante : GBANGBAN n.m ou f. inv. (mot ivoirien) 1. Troubles graves à l’ordre public : Il y a eu trente morts pendant les gbangban. 2. Soulèvement pas toujours spontané contre l’autorité établie : Le préfet a dû fuir à cause des gbangban 3. Scène de ménage, querelle vive et inattendue : Il y a gbangban chez les voisins. Le dictionnaire aurait pu ajouter bien d’autres éléments caractéristiques des 2 premiers sens. Que les gbangban concernent en principe les républiques bananières avec leurs traditions de mutinerie, push, coup d’état, coup d’état manqué, tentative de coup d’état, pillages, etc. C'est pourquoi, un aspect essentiel des gbangban c’est le bruit : détonations, explosions, tirs [...]